C’est un mariage de raison qui dure depuis plus de six décennies. Entre le Sénégal et le Fonds Monétaire International (FMI), l’histoire ne s’arrête jamais, oscillant entre bouffées d’oxygène et zones de turbulences.
Depuis son adhésion au Fonds en 1962, le pays de la Teranga a sollicité l’institution à 21 reprises. Si l’on cumule l’ensemble des décaissements et des lignes de crédit accordés depuis les premiers programmes d’ajustement de 1979 jusqu’au méga-programme de 2023, la manne financière est colossale.
Les chiffres qui donnent le tournis
En convertissant les Droits de Tirage Spéciaux (DTS) en monnaie locale, on estime que le FMI a mobilisé pour le Sénégal un montant global dépassant les 3 500 milliards de FCFA sur cette période. Rien que sur les cinq dernières années, pour faire face au COVID-19 et à la crise ukrainienne, Dakar a bénéficié de plus de 1 200 milliards de FCFA.
Le Sénégal face à ses voisins : un champion de l’endettement ?
Comment se situe Dakar dans la sous-région ? Le constat est sans appel : le Sénégal est l’un des plus gros utilisateurs des guichets du FMI dans l’espace UEMOA.
- Sénégal : Une dépendance quasi chronique avec des programmes qui s’enchaînent tous les 3 ou 4 ans.
- Côte d’Ivoire : Bien que plus riche, Abidjan sollicite aussi des montants records (récemment 2 100 milliards de FCFA), mais avec une croissance plus robuste qui rassure davantage les bailleurs.
- Bénin ou Togo : Ces voisins affichent des montants bien plus modestes, préférant des réformes plus ciblées et moins de « pression » budgétaire.

Le défi de la « dette cachée »
Aujourd’hui, l’heure est au doute. Suite à la découverte d’une dette non déclarée par l’ancien régime, estimée à plusieurs milliards de dollars, le FMI a gelé ses versements fin 2024. Le pays, désormais producteur de pétrole, joue sa crédibilité.
Le nouveau gouvernement pourra-t-il se passer, un jour, de la perfusion de Washington ? Le débat est lancé, mais pour l’instant, les caisses de l’État restent étroitement liées aux décisions du Fonds.