En Casamance (Sénégal), Nagnima, une femme quinquagénaire, est convaincue que son « miracle » de maternité est dû à une poudre à base de tabac qu’elle applique régulièrement dans son sexe. Ce produit, vendu clandestinement pour 100 FCFA (0,17 USD) le sachet, est utilisé par certaines femmes pour traiter des infections, soulager des douleurs ou augmenter le plaisir sexuel. Cependant, son usage comporte des risques sévères pour la santé.
Un Produit Potentiellement Mortel
Bourama Sadio, gynécologue-obstétricien à Sédhiour, avertit que « le sexe de la femme est une zone très sensible et l’agresser avec un produit composé de tabac et de soude, c’est carrément suicidaire. » En effet, les composantes de cette poudre peuvent provoquer des irritations et des brûlures, augmentant le risque de développer des maladies graves, notamment le cancer. La sensation de rétrécissement du vagin n’est qu’un effet temporaire et trompeur, dû à la rétraction réflexe des muscles vaginaux au contact des substances chimiques.
Des Conséquences Dévastatrices
M. DIALLO, enseignant de gynécologie-obstétrique à l’université de Ziguinchor, souligne que ces produits créent souvent des ulcérations qui, en cicatrisant, rétrécissent le vagin et peuvent aller jusqu’à le refermer totalement, rendant l’écoulement normal des règles impossible. Les utilisatrices rapportent des sensations de brûlure, des vertiges, des vomissements et parfois des pertes de connaissance après l’utilisation du produit.
Un Danger Sanitaire Public
Selon Mme Ndiaye, coordinatrice de la Santé de la reproduction au district sanitaire de Sédhiou, on ne compte plus les cas de femmes admises aux urgences après avoir utilisé ce tabac vaginal. Les patientes se présentent avec des inflammations du col de l’utérus, du vagin ou des infections sexuellement transmissibles à répétition. Certaines, comme une jeune fille de 25 ans souffrant de lésions vaginales et saignant au contact du speculum, montrent des signes de dommages graves après l’utilisation prolongée de ce produit.
Une Pratique à Éradiquer
Les autorités sanitaires et les experts appellent à une prise de conscience des dangers associés à cette pratique. Omar Ba, responsable du Programme de lutte contre le tabac au Sénégal, affirme que l’effet supposé thérapeutique du tabac vaginal n’est qu’un placebo. La prévention et l’éducation sont cruciales pour protéger les femmes contre ces pratiques dangereuses et clandestines.
La persistance de cette pratique révèle un besoin urgent de sensibilisation sur les dangers et de renforcement des contrôles sanitaires pour protéger la santé des femmes.
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