
L’élection présidentielle camerounaise du 12 octobre a plongé le pays dans une attente tendue alors que le dépouillement se poursuit. Si l’issue se concentre traditionnellement autour du président sortant Paul Biya et de son principal rival, l’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary, le scrutin a en réalité vu une dizaine de candidats tenter de bousculer le statu quo.
Le président Biya, favori pour un huitième mandat a maintenu une posture de sérénité institutionnelle. À la sortie des urnes, il a rappelé aux Camerounais que « Rien n’est acquis, attendons qu’on connaisse le nom de l’élu ». Cette posture se heurte aux signalements de fraudes au dépouillement, notamment la découverte de multiples bulletins du RDPC dans les mêmes enveloppes à Douala, alimentant les controverses habituelles sur la crédibilité du processus électoral.
Face à la longévité du pouvoir, Issa Tchiroma Bakary est devenu l’épicentre d’une forte dynamique d’opposition, la « Tchiromania ». Ayant rompu avec le régime pour dénoncer une « oligarchie », sa désignation comme « candidat consensuel » par une partie de l’opposition a galvanisé ses partisans. Les scènes de liesse observées à Yaoundé reflètent l’espoir d’une rupture après des décennies de règne.
Cependant, le jeu démocratique a également été marqué par la présence d’autres figures de l’opposition. Le champ était notamment occupé par des challengers notables comme Cabral Libii (PCRN) et l’ancien ministre Bello Bouba Maïgari (UNDP), qui a bénéficié de ralliements d’autres candidats comme Akere Muna. Ces figures ont accentué la pression sur le régime en dénonçant la mal-gouvernance et en proposant des alternatives. L’exclusion de la course du principal opposant de 2018, Maurice Kamto, a toutefois fragmenté le vote contestataire, mais n’a pas éteint la volonté de changement exprimée par une partie de la population.

