
Révolte citoyenne à Mobaya pour des infrastructures de base
Le dimanche 12 octobre 2025, une importante manifestation pacifique s’est déroulée à Mobaya, un village de la commune de Kolibantang. Les habitants, sortis en grand nombre, ont exprimé leur exaspération face à des conditions de vie précaires qui perdurent depuis la fondation du village en 1950.
Porte-parole des manifestants, Mamady Yangha, étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a dressé un bilan alarmant. Les principales revendications concernent l’accès aux services essentiels : l’électricité, l’eau potable, le réseau téléphonique et des infrastructures routières dignes de ce nom.
Un isolement criant et un accès aux soins critique
Mobaya souffre d’un enclavement sévère. L’accès au village, situé à seulement 7 km de Kolibantang, est un véritable défi. Pour les habitants, cet isolement soulève une question fondamentale : se sentent-ils encore citoyens du Sénégal ?
La situation est particulièrement dramatique pour l’accès aux soins de santé primaires. Les femmes enceintes, notamment, sont souvent transportées sur des charrettes via une route chaotique, un calvaire qui met leur vie en danger.
L’absence d’eau potable est une autre source de profonde détresse. Malgré l’eau étant une source de vie, le village ne dispose d’aucun forage, et les puits tarissent à certaines périodes de l’année, rendant l’accès à l’eau quasiment impossible.
Du réseau téléphonique aux Daaras modernes : des besoins non satisfaits
L’absence de réseau téléphonique illustre le manque d’infrastructures. Les téléphones portables doivent être suspendus à des arbres pour capter un signal, obligeant les résidents à s’éloigner du village pour passer des appels, ce qui présente des risques.
Profitant de cette mobilisation, les villageois ont également formulé un plaidoyer en faveur de l’éducation religieuse. L’école coranique locale accueille plus de 200 élèves. Ils réclament la création d’un Daara moderne et une prise en charge des enseignants coraniques par l’État.
La colère des habitants, y compris des grandes-mères qui ont pris la parole, est le résultat de décennies de patience et d’attentes non satisfaites. Les manifestants ont rappelé que leurs problèmes n’ont pas été résolus sous les présidences successives d’Abdou Diouf (1981-2000), d’Abdoulaye Wade (2000-2012) et de Macky Sall (2012-2024).
Aujourd’hui, l’appel est directement lancé au nouveau président, Bassirou Diomaye Faye, pour qu’il réponde enfin à cette demande légitime d’amélioration des conditions de vie et de désenclavement de Mobaya.

