L’Association des Juristes Sénégalaises (AJS) poursuit le déploiement de ses stratégies de lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Selon des informations rapportées par le journal Le Soleil, l’AJS a récemment formé des acteurs locaux dans la région de Sédhiou afin de sensibiliser et de lutter contre la mutilation génitale féminine (MGF).
Malgré l’existence d’une loi pénalisant cette pratique, des cas continuent d’être signalés dans certaines zones du pays. C’est dans ce contexte que l’AJS, via son projet « Accélération de la protection et de l’élimination de toutes les formes de discriminations et de violences basées sur le genre », a mobilisé cinquante acteurs durant quatre jours. Ces participants, issus de l’éducation, de la santé, de la jeunesse, des communautés et des institutions, ont été réunis pour identifier les moyens efficaces d’éradiquer ce fléau.
Ndeye Astou Goudiaby, coordonnatrice de la Boutique de droit de l’AJS de Ziguinchor, a expliqué dans les colonnes du Soleil que l’idée est de faire de ces participants des « futurs relais, ou des parajuristes totalement outillés pour accompagner les survivantes de la violence basée sur le genre ». L’objectif principal, a-t-elle ajouté, est d’échanger avec les membres de la communauté pour œuvrer contre cette pratique qui porte gravement atteinte aux droits fondamentaux des filles et des femmes.
Confirmant l’ampleur du défi, Elhadj Omar Kanté, représentant de l’édile de la commune de Sédhiou, a affirmé que ces pratiques « sont courantes » et provoquent beaucoup de désastres au sein de la frange féminine de la région. Il a également témoigné que les violences liées à l’excision laissent des séquelles visibles et des traumatismes chez les femmes plus âgées. Pour M. Kanté, « capaciter tous ces acteurs sur les textes réglementaires et juridiques permettra de comprendre les enjeux pour éradiquer ce phénomène ».
Awa Dieng, survivante de l’excision et militante au sein du Réseau Siggil Jigeen, a réagi en soulignant son engagement à mettre un terme à cette pratique qu’elle qualifie d’« indigne ». Native d’un milieu mandingue où la pratique était justifiée par de fausses raisons comme la facilitation des accouchements, elle a déclaré : « Il faut se départir de cette pratique ». Enfin, Doudou Totalla Diédhiou, inspecteur de l’enseignement et coordonnateur régional de la Petite enfance, a souligné que cet atelier s’inscrit pleinement dans la mission de son institution, qui est de « veiller sur l’intégrité physique et morale des enfants », en insistant sur les risques engendrés par l’excision.