avril 18, 2025
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Le paysage de la lutte sénégalaise, notre sport roi, est malheureusement teinté d’inégalités et d’un système où la reconnaissance sportive ne reflète pas toujours le mérite. Au sein de cette arène complexe, la carrière de Lac de Guiers 2 apparaît comme un cas flagrant de talent sous-évalué, une brillante trajectoire éclipsée par des dynamiques extra-sportives.

Dans un environnement où l’obtention de combats de prestige semble tributaire du lobbying et d’un entourage influent, Lac de Guiers 2 a souvent évolué en marge des projecteurs médiatiques les plus intenses. Cette réalité est d’autant plus criante lorsque l’on observe des lutteurs, auréolés d’une forte capacité de mobilisation populaire, se voir offrir des affiches majeures malgré des revers récents. Les cas de Siteu et Boy Niang 2, tous deux ayant disputé des combats royaux après une défaite face à Lac de Guiers 2, illustrent parfaitement cette distorsion.

Lac de Guiers 2, à l’instar d’un certain Tapha Tine, semble être une victime collatérale de ce système. Malgré une carrière riche et jalonnée de victoires éclatantes, il peine à obtenir la reconnaissance et les opportunités qu’il mérite. Des années blanches ponctuent son parcours, contribuant à une érosion de sa notoriété auprès du grand public. Son choix de donner sa chance à de jeunes talents est certes honorable et souvent couronné de succès, mais il demeure paradoxalement la cible de critiques incessantes et souvent subjectives. La moindre contre-performance est amplifiée, tandis que ses victoires sont minimisées, l’analyse se concentrant davantage sur les faiblesses de l’adversaire que sur la maestria du vainqueur. Même un match nul lui vaut un surnom dépréciatif, « Lac 2 », appliqué à tout lutteur ne parvenant pas à s’imposer, ignorant superbement ses propres états de service. Son audace de défier la star montante Ada Fass témoigne pourtant d’une confiance et d’une volonté de se mesurer aux meilleurs de la jeune génération.

Si sa récente victoire face à Ada Fass a indéniablement ravivé la flamme chez ses fidèles supporters, elle n’a pas pour autant engendré l’affluence massive escomptée lors de son dernier combat à Guédiawaye. Cette faible mobilisation, Lac de Guiers 2 l’attribue à une appréhension de ses adversaires, une crainte qui se répercuterait sur l’enthousiasme de ses propres partisans.

Sa stratégie de combat, souvent qualifiée de défensive, est une approche qu’il assume pleinement. Pour lui, ce ne sont pas ses tactiques qui sont en cause, mais plutôt l’hésitation de ses adversaires à l’attaquer, conscients de sa redoutable technicité.

Et pourtant, les chiffres parlent d’eux-mêmes : 16 victoires, 2 matchs nuls, seulement 2 défaites (face à des pointures comme Eumeu Séne et Modou Lô, cette dernière sur avertissement), et un sans verdict controversé contre Baboye après l’avoir pourtant terrassé. Son palmarès impressionnant comprend des noms prestigieux tels qu’Ada Fass, Eumeu Séne (par avertissement), Siteu (par avertissement), Boy Niang 2, Papa Sow, Yékini, Tapha Guéye, Tapha Tine, Zoss, Ness, Issa Pouye, Yékini Junior et Batika.

Le lutteur Amanekh ne tarit pas d’éloges à son égard, le considérant comme l’un des, sinon le meilleur technicien de l’arène. Sa victoire éclatante face à Ada Fass est, selon lui, une preuve irréfutable du talent de ce lutteur de Guédiawaye, injustement boudé par une partie des amateurs.

La carrière de Lac de Guiers 2 est un poignant rappel des complexités et des injustices qui peuvent parfois obscurcir la brillance athlétique dans l’univers de la lutte sénégalaise. Il est temps de reconnaître à sa juste valeur le parcours exceptionnel de ce technicien hors pair, dont l’empreinte sur notre sport national mérite une admiration et une reconnaissance univoques.

Par Arfang Lang Lang

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