Plusieurs villages du Pakao ont pris des mesures draconiennes pour mettre fin au réception de mariage. « C’est une noble à magnifer mais moi, ça me dit pas trop. Cela ne réglera pas la crise des valeurs. Il faudrait bien faire le diagnostic et prendre d’autres mesures » a déclaré le khalife général de Taîba (Marsassoum) Elhadji Moustapha SYLLA lors d’un entretien qu’il a accordé à Arfang Lang KONTÉ de la rfk inter
C’est avec la menace du Kankourang -masque et être mythique gardien des valeurs des peuples mandingues- que les jeunes du village de Sitaba Pakao ont fait le tour du village pour passer le message du chef de village, de l’imam ratib et du médiateur ( gnamalo). Le message était ferme, menaçant et adressé particulièrement aux femmes. » Toute famille qui fête une réception de mariage avec ses dépenses excessives ( chèvres, sacs de riz, valise de tissus) exigées, sera sanctionnée d’une amende de 100 000 F CFA et détruire la maison ‘.
La déclaration de Sitaba est parvenue à Kéranos Média quelques jours après celle du village de Bougnadou. Ce village également situé dans la rive droite du Pakao a aussi interdit toutes cérémonies liées aux réceptions de mariage. Des regroupements d’une semaine, des chaînes à musique, des installations décoratives, des valises de tissus, tous ces folklores vont sortir du mariage et du baptême. Toute famille qui ne respecte pas cette déclaration va encourir une amende de 200 000 FCFA et sa maison sera saccagée, disent-ils.
Ces deux villages rejoignent Manconomba et Pakao Macka.
Interrogé sur cette question Elhadji Moustapha Sylla ne s’est pas laissé emporter par cette vague d’interdiction de réception de mariage dans le Pakao. Selon le guide religieux c’est l’appellation qui change mais c’est que faisaient les anciens a travers les « maniobito » -une cérémonie qui consiste à faire la fête et beaucoup de rituels avant que l’épouse quitte la maison paternelle pour rejoindre la famille de son époux. Elhadji Moustapha Sylla a toutefois cité les détails sur les dépenses excessives lors de ces événements. Et tout cela a des conséquences néfastes sur la vie de certains couples. Il y a des femmes qui ont eu plusieurs enfants au domicile familial par ce que leurs maris n’avaient pas les moyens financiers pour faire la fête de mariage.
Selon toujours Elhadji Moustapha Sylla la solution est de réduire les coûts liés aux dépenses dans les cérémonies de mariage. Le coût de la dote, et retourner sur la voie tracée par les ancêtres qui donnaient leur fille en mariage et éduquer la jeune génération sur ce que faisaient les sages. « Si beaucoup de jeunes ne se marient pas aujourd’hui, ce n’est pas uniquement à cause des contraintes liées aux réceptions. Il y a une très grande responsabilité des parents » a constaté le marabout. Certains parents ne donnent plus leurs filles même à leurs propos neuves s’ils ne sont pas nantis. Ils leur préfèrent des immigrés même clandestins. Si un jeune demande la main d’une fille, la première interrogation qu’on fait c’est: il fait quoi ? Il est où ? Il faut revoir tout celà, ajoute -t-il. Le guide religieux exhorte les parents à marier leurs enfants grâce aux liens de parenté et à l’islam et de se départir des aspects financiers.
Après ces quelques précisions notre interlocuteur a toutefois magnifié les villages qui ont déjà pris la voix pour alléger le dépenses liées au mariage.
Par Sidi Diop
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