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Cherté de la vie au Sénégal : Analyse et perspectives par le Président régional d’Ascosen à Sédhiou

Manconomba, 05 Mai ( Kéranos)- Dans un entretien exclusif accordé à Kéranos Média, le Président régional de l’Association des Consommateurs du Sénégal à Sédhiou, Sankoung Sagna livre son analyse de la cherté de la vie au Sénégal, phénomène qui touche de plein fouet les populations, en particulier celles du Pakao. Il propose également des solutions concrètes pour inverser la tendance et améliorer les conditions de vie des Sénégalais.

Objectifs de l’Ascosen : Vers une amélioration des conditions de vie

L’Ascosen, Association des consommateurs du Sénégal, a pour objectif principal d’améliorer les conditions de vie des populations. Cela se traduit par un engagement fort dans l’accessibilité des biens de consommation courante et du logement, en particulier pour les plus démunis.

Cherté de la vie : Un défi majeur à relever

Selon les dernières données publiées par Numbeo en février, le Sénégal est même le 2e pays où le coût de la vie est le plus cher en Afrique en ce début d’année 2024, derrière la Côte d’Ivoire et devant l’Éthiopie. Cette situation s’explique en grande partie par la forte dépendance du pays aux importations, notamment pour des produits essentiels comme le riz et le blé. M. Sagna appelle à un changement radical des comportements de consommation, en privilégiant les produits locaux.

Le Pakao face à la désertification et à la concurrence étrangère

Malgré ses atouts naturels indéniables (terres fertiles, pluviométrie abondante), le Pakao est confronté à un exode rural massif et une forte émigration. Les jeunes, en quête d’aventure et d’opportunités économiques, désertent la région, laissant derrière eux une main-d’œuvre agricole vieillissante et insuffisante. Cette situation, conjuguée à la concurrence croissante des ressortissants étrangers dans des secteurs clés comme la pêche et le commerce, accentue les difficultés économiques de la région.

Les jeunes ne travaillent plus. Et Même si l’agriculture du Pakao dispose d’atouts indéniables – terres fertiles, pluviométrie abondante – elle peine à retenir sa main-d’œuvre, confrontée à un fort exode rural. Cette désertion des campagnes, couplée à l’arrivée de migrants dans des secteurs clés comme la pêche (Maliens) et le commerce (Peuls Fouta), fragilise l’avenir de l’agriculture locale et met en lumière la nécessité d’une revalorisation du secteur.

L’abandon des terres agricoles par les jeunes générations, en quête d’aventure ou d’une vie meilleure dans les grandes villes, a des conséquences dramatiques. Des familles se disloquent, laissant derrière elles des pans entiers de la société rurale désemparés. La tragédie des jeunes périllant leur vie dans la traversée périlleuse de la Méditerranée ne fait qu’accentuer ce tableau sombre.

Il est impératif d’inverser cette tendance en redonnant à l’agriculture du Pakao ses lettres de noblesse.



Le marché des ovins pour la Tabaski : Inertie et nouvelles tendances

Le marché des ovins pour la Tabaski connaît une stagnation inquiétante, marquée par l’absence d’initiatives concrètes pour enrayer la tendance baissière, constate-il. Il déplore cette situation et  pointe du doigt plusieurs facteurs aggravants.

Tout d’abord, la concentration excessive des achats de moutons dans certaines villes telles que Kolda, Sédhiou voir même Dakar, crée une distorsion du marché et nuit à la fluidité des transactions. Cette tendance, souvent motivée par un désir d’ostentation, s’avère néfaste à long terme pour l’équilibre du secteur.

Par ailleurs, on observe une diminution notable de la consommation de viande de chèvre pendant la Tabaski. Cette évolution, qui s’explique par des raisons socio-culturelles et met en lumière la nécessité de diversifier l’offre et de proposer des alternatives aux consommateurs à revenus modestes.

Face à ces constats, une nouvelle tendance émerge : la constitution de groupes d’achat pour l’acquisition d’un bœuf ou d’une vache. Cette pratique, qui permet de mutualiser les coûts et de disposer d’une quantité importante de viande, semble répondre aux besoins et aspirations des consommateurs actuels mais n’est pas préférable par rapport aux chèvres et montons selon les recommandations de l’islam.

Pour redynamiser le marché des ovins pour la Tabaski, il est indispensable de mettre en œuvre des stratégies multidimensionnelles. Cela implique de sensibiliser les consommateurs aux enjeux d’une consommation responsable, de promouvoir la diversification de l’offre et de soutenir les acteurs locaux du secteur.





« Le marché des ovins pour la Tabaski traverse une phase de transition qui nécessite une attention particulière et des actions concrètes. En encourageant des pratiques durables, l’élevage, il est possible de redynamiser ce secteur et de lui assurer un avenir pérenne, a-t-il conclu.

Vol de bétail : Un fléau aux conséquences dramatiques

Le vol de bétail est un phénomène récurrent qui fragilise davantage les agriculteurs et les éleveurs, déjà confrontés à de nombreuses difficultés. M. Sgna pointe du doigt le manque de surveillance et de protection des troupeaux, qui les expose aux convoitises des voleurs. Il appelle à une action ferme des autorités pour endiguer ce fléau et protéger les moyens de subsistance des populations rurales.

La divagation des troupeaux, sans surveillance adéquate de jour comme de nuit, crée un environnement propice aux vols et aux pertes animales. Les éleveurs, souvent éloignés de leurs pâturages, se retrouvent démunis face à ce phénomène. Souvent impuissantes face à ces situations, les autorités doivent continuer de jouer un rôle actif en déployant des patrouilles régulières dans les zones rurales et en appliquant des sanctions exemplaires aux auteurs de vol. La justice doit se montrer ferme et dissuasive pour décourager les potentiels voleurs.



Attentes envers les nouvelles autorités étatiques : Pragmatisme et inclusion

M. Sagna, par ailleurs responsable du Parti Démocratique Sénégalais  exprime des attentes mesurées vis-à-vis des nouvelles autorités. Il insiste sur la nécessité de passer de la parole à l’acte et de mettre en œuvre des solutions concrètes aux problèmes quotidiens des Sénégalais. M. l’ancien maire de la commune de Oudoucar plaide également pour une gouvernance inclusive qui tienne compte des réalités et des besoins des populations à la base, en s’appuyant sur l’expertise et le savoir-faire des acteurs locaux.


L’analyse de M. Sagna met en lumière les défis majeurs auxquels le Sénégal est confronté en matière de coût de la vie, de développement rural et de sécurité alimentaire. Ses propositions, s’inscrivant dans une démarche pragmatique et inclusive, offrent des pistes de réflexion précieuses pour les nouvelles autorités et la population dans la mise en œuvre de politiques publiques efficaces et efficientes.


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