
Le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) a annoncé sa dissolution le lundi 12 mai, mettant fin à plusieurs décennies de conflit armé en Turquie qui ont coûté la vie à près de 40 000 personnes. Cette décision, relayée par l’agence prokurde ANF, fait suite à un congrès tenu dans les monts Qandil, en Irak, et à l’appel de son leader historique emprisonné, Abdullah Öcalan. Le PKK estime avoir rempli sa « mission historique » en portant la question kurde à un point où une résolution par des moyens démocratiques est envisageable.
Le gouvernement turc (AKP) a salué cette annonce comme une « étape importante » vers une Turquie sans terrorisme, insistant sur la nécessité d’une mise en œuvre concrète et de la fermeture de toutes les ramifications du PKK. Le ministre turc des Affaires étrangères a qualifié cette décision d' »historique et encourageante » pour la paix et la stabilité régionale. La Commission européenne et le président de la région autonome du Kurdistan irakien ont également réagi positivement, appelant à saisir cette opportunité pour un dialogue constructif et une paix durable. La Syrie a également félicité la Turquie pour cet « accord ».
Parallèlement à cette annonce, des informations indiquent un assouplissement des conditions de détention d’Abdullah Öcalan, détenu à l’isolement depuis 26 ans. Bien qu’un responsable de l’AKP ait déclaré qu’Öcalan ne souhaitait pas quitter sa prison, des rencontres plus fréquentes avec son parti (DEM) et sa famille seraient envisagées. Le PKK a souligné que sa dissolution offre une « base solide » pour une paix durable et appelle le Parlement turc à jouer un rôle responsable dans ce processus. Cette décision a été précédée d’une médiation impliquant un allié du gouvernement et le parti prokurde DEM, aboutissant à un cessez-le-feu en mars. L’Irak avait préalablement exigé le retrait des troupes turques et des combattants du PKK de son territoire en cas d’accord de paix, tandis que les forces kurdes syriennes (FDS) ont indiqué ne pas être concernées par cet appel au désarmement.
Des analystes suggèrent que cette initiative pourrait également servir les intérêts politiques du président Erdogan en vue des élections de 2028, en divisant l’opposition. Bien qu’Erdogan ait initialement salué une « opportunité historique », il a également averti de la poursuite des opérations militaires si les engagements n’étaient pas tenus. Une chercheuse du Middle East Institute estime que la consolidation du pouvoir d’Erdogan est le principal moteur de ce processus, notant le manque de participation kurde aux récentes manifestations de l’opposition. Elle y voit une confirmation de la stratégie du président visant à diviser l’opposition.