Abou Mohammad al-Jolani, ou de son vrai nom Ahmed al-Chareh, est connu pour être le leader de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), la formation islamiste radicale à la tête de la coalition insurgée au cœur de l’actualité ces derniers jours. C’est elle qui avait lancé le 27 novembre une offensive fulgurante dans le nord de la Syrie, permettant de prendre une à une les principales villes syriennes avant d’arriver à Damas.
Abou Mohammad al-Jolani, 42 ans, est devenu un acteur incontournable sur la scène syrienne et internationale. Son nom résonne dans les médias, sur les plateaux télévisés et dans les colonnes des analyses politiques. Leader de Hayat Tahrir al-Cham (HTC), l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie, il a orchestré la chute du régime autoritaire de Bachar al-Assad, mettant fin à un demi-siècle de domination du Parti Baas. Contrairement à son prédécesseur, al-Jolani, charpenté et doté d’une barbe noire fournie, affiche une image d’autorité et de vivacité.
Son ascension spectaculaire s’est accompagnée d’une transformation stratégique : lisser l’image de son groupe armé, longtemps considéré comme une organisation terroriste par les pays occidentaux. À travers des discours modérés et des promesses de transition pacifique en Syrie, il tente d’effacer son passé dans les rangs d’Al-Qaïda. Abandonnant turbans et tuniques religieuses pour adopter une allure plus moderne, al-Jolani cherche à séduire la communauté internationale et à s’imposer comme le futur homme fort de la Syrie.
Une origine entourée de mystère
La biographie d’Abou Mohammad al-Jolani, de son vrai nom Ahmed al-Chareh, reste floue. Son lieu de naissance divise les experts : Deraa, au sud de la Syrie, Damas, ou encore Riyad, en Arabie saoudite. Cependant, l’année 1982 semble faire consensus. Selon le média anglophone The New Arab, il serait né en Arabie saoudite de parents syriens exilés avant de revenir en Syrie avec sa famille à la fin des années 1980.
Il grandit dans le quartier aisé de Mazé, à Damas, où il développe une personnalité complexe. Middle East Eye rapporte qu’ »il s’est toujours senti différent des autres. Son enfance disciplinée a progressivement laissé place à un caractère rebelle. »
Un parcours marqué par la guerre et le djihad
Membre influent d’Al-Qaïda dans sa jeunesse, al-Jolani a su naviguer entre idéologie extrémiste et pragmatisme politique pour devenir une figure de premier plan. Désormais, il s’efforce de repositionner HTC comme une force légitime dans le conflit syrien, séduisant à la fois les acteurs locaux et internationaux.
Malgré ses efforts de rebranding, al-Jolani reste une figure controversée, perçue différemment selon les camps. Pour Jérôme Drevon, analyste au sein de l’International Crisis Group, il est aujourd’hui « l’acteur le plus important sur le terrain. » Pourtant, beaucoup doutent encore de la sincérité de sa promesse de pacification.
Le défi de l’avenir syrien
Alors que le régime de Bachar al-Assad s’effondre et que la Syrie cherche un nouveau cap, al-Jolani devra convaincre qu’il peut incarner le renouveau tout en dissipant les ombres de son passé. Entre ambitions personnelles et réalités géopolitiques, l’avenir de la Syrie dépendra en partie de la capacité de cet ancien insurgé à transformer sa victoire militaire en un projet politique durable.
En quête de légitimité, al-Jolani reste un personnage aux multiples facettes, à la croisée de l’histoire récente du Moyen-Orient.
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