
Depuis la fin du mois de septembre 2025, Madagascar est le théâtre d’une vague de contestation inédite, portée par la « Génération Z » (Gen Z). Ce mouvement, initialement déclenché par le ras-le-bol face aux coupures d’eau et d’électricité (délestages), a rapidement transformé la colère sociale en une profonde crise politique, exigeant une lutte contre la corruption et la démission des dirigeants.
Le lourd bilan de la répression
La réponse des autorités aux manifestations, souvent pacifiques, a été particulièrement violente, engendrant un lourd bilan humain. Les affrontements ont fait au moins 22 morts et environ 400 blessés, selon les rapports de l’ONU. Face à l’utilisation de balles réelles et de gaz lacrymogènes, la communauté internationale a exprimé son « choc », dénonçant un usage disproportionné de la force et appelant à des enquêtes indépendantes. L’escalade des tensions a également été marquée par des pillages et des destructions de biens, notamment dans la capitale.
L’échec de la réponse politique face à l’ultimatum
Face à l’ampleur du mouvement et à la pression exercée par un ultimatum lancé par la Gen Z, le président Andry Rajoelina a tenté de désamorcer la crise. Les jeunes manifestants réclamaient, entre autres, la démission du gouvernement. En réponse, le Président a dissous le gouvernement du Premier ministre Christian Ntsay le 29 septembre 2025.
Cependant, ce geste politique n’a pas suffi à apaiser la contestation. La Gen Z a immédiatement jugé cette dissolution insuffisante, réaffirmant sa principale exigence : le départ du Président Rajoelina lui-même, perçu comme le garant d’un système corrompu et inefficace. Le Président a riposté en qualifiant le mouvement de tentative de « coup d’État ».
Une nomination militaire contestée
Le point culminant de cette phase de crise a été la nomination d’un nouveau Premier ministre. Le lundi 6 octobre 2025, le Président Rajoelina a désigné le Général Ruphin Fortunat Dimbisoa Zafisambo, un militaire de carrière, pour diriger le gouvernement. L’objectif officiel était de rétablir l’ordre et la confiance.
Cette nomination a été accueillie avec scepticisme et rejet par les contestataires. La Génération Z y voit une « diversion politique » et une tentative d’utiliser la force de l’armée pour contenir la colère populaire sans répondre aux problèmes de fond. La jeunesse malgache maintient sa détermination, menaçant de durcir le mouvement jusqu’à obtenir un véritable changement systémique.

