La communauté sénégalaise de France est en deuil. Baba Abdoulaye Diop, plus connu sous le pseudonyme de « Guelwar », a été mortellement poignardé suite à une altercation née sur les réseaux sociaux. Au-delà du fait divers, le père de la victime, Aboubakry Diop, pointe du doigt la responsabilité des discours politiques clivants.
La violence numérique vient de franchir un seuil irréparable. Le jeune Baba Abdoulaye Diop, dont l’activité sur TikTok était suivie par de nombreux Sénégalais, a perdu la vie lors d’une confrontation physique consécutive à des tensions virtuelles. Si l’enquête judiciaire suit son cours en France, la parole de son père, Aboubakry Diop, apporte aujourd’hui un éclairage poignant sur les racines idéologiques profondes de ce drame.
Un discours politique mis en cause
Dans un message empreint d’une dignité douloureuse, Aboubakry Diop dénonce ce qu’il qualifie de « discours irresponsable d’un politicien voulant engranger des voix lors des dernières législatives ». Selon lui, les rhétoriques identitaires et xénophobes véhiculées durant la campagne électorale ont armé le bras de l’agresseur.
Le père du défunt estime que ces déclarations ont légitimé, dans l’esprit de l’assassin, l’idée que son fils était « Guinéen », une étiquette utilisée ici comme un stigmate pour nourrir l’hostilité et la violence. « Qui de nous a choisi ses parents, son pays de naissance ? », s’interroge-t-il avec amertume, rappelant qu’aucune origine, réelle ou supposée, ne saurait justifier un meurtre.
Une identité « de souche » au service d’un plaidoyer pour la tolérance
Face aux accusations visant la nationalité de son fils, Aboubakry Diop a tenu à rétablir les faits avec fermeté. Il rappelle que Baba Abdoulaye est Sénégalais « de souche », issu d’une lignée au service de l’État : un père ancien sous-préfet et une mère infirmière d’État à la retraite. Un argument qu’il utilise pour souligner l’absurdité des critères de division actuels, tout en rappelant que la fonction publique sénégalaise est le miroir de l’appartenance nationale.
Cependant, le message d’Aboubakry Diop dépasse le cadre familial. Il s’interroge plus largement sur la valeur accordée à la vie humaine au Sénégal et au sein de sa diaspora. Pour lui, la mort de son fils est une « alerte quant à l’état de désintégration de notre société ».
Un appel à la responsabilité des leaders d’opinion
Le père éploré exhorte l’État sénégalais à assumer pleinement ses responsabilités et interpelle directement la classe politique. Il appelle les acteurs publics à mesurer la portée de leurs mots, rappelant que la liberté de défendre une vision du développement doit impérativement s’exercer dans un cadre de tolérance et de paix.
Alors que l’enquête se poursuit pour faire toute la lumière sur ce crime, le témoignage d’Aboubakry Diop résonne comme un plaidoyer urgent pour la cohésion nationale et la fin de l’instrumentalisation des identités à des fins électorales.