On en sait on peu plus sur ce qui est précisément passé à la maison centrale d’arrêt de Conakry, dans la nuit du 3 au 4 novembre, aux alentours de 5 heures du matin.
Il s’agit d’une curieuse opération militaire, qui a vu un commando débouler dans l’établissement pénitentiaire situé au cœur même du complexe du palais présidentiel, pour libérer quelques prisonniers, dont certains seront repris quelques heures plus tard, tandis que d’autres restent introuvables. Neuf personnes ont trouvé la mort dans la tentative d’exfiltration.
« Une lâche tentative d’évasion », affirme, dans un communiqué, le ministre guinéen de la Justice, Alphonse Charles Wright.
Si cet événement « tient tout le pays en haleine », comme l’écrit le journaliste Mamadou Dian Baldé sur le principal site d’information du pays, guineenews.org, c’est que l’identité des quatre hommes extraits de leurs cellules est connue de tous les Guinéens. Il s’agit de Moussa Dadis Camara, éphémère président du pays entre 2008 et 2010, et de trois militaires au cœur de la sécurité du régime d’alors : le colonel Moussa Tiegboro Camara et les colonels Claude Pivi et Blaise Goumou. Quatre hommes qui comparaissent depuis septembre 2022 au procès historique du massacre du 28 septembre 2009, dans le stade de Conakry. Plusieurs dizaines de milliers de sympathisants de l’opposition s’y étaient réunis. Cet effroyable massacre, au cours duquel, selon un rapport des Nations unies, plus de 150 personnes avaient été tuées et plus de 100 femmes et jeunes filles violées, avait été précisément commis sous les ordres du régime militaire. L’ouverture du procès, treize ans après les faits, constituait un événement dans un pays marqué par l’impunité judiciaire. Lors des audiences, régulièrement interrompues, les accusés ne cessent, depuis un an, de se rejeter la responsabilité des exactions.
Claude Pivi, l’homme le plus recherché de la Guinée
Pour l’heure, seul Claude Pivi, ancien ministre de la Sécurité nationale de Dadis Camara et soupçonné d’être l’organisateur logistique du massacre, reste introuvable.
Entré dans l’armée guinéenne en 1985, Claude Pivi a en effet combattu en Sierra Leone et au Liberia dans les années 90. Il sera également été aux premières loges sous différents pouvoirs.
En 2008 c’est lui, par exemple, qui apporte à Lansana Conté les doléances des militaires en pleine mutinerie. Quelques semaines plus tard, à la mort du vieux dictateur qui aura dirigé la Guinée de 1984 à 2008, il fait partie des militaires qui s’emparent du pouvoir au sein d’une junte emmenée par Moussa Dadis Camara.
Son fils Verni Pivi est désigné comme le chef du commando dont l’assaut a causé la mort de neuf personnes, selon le parquet général de Conakry : trois de ses membres, quatre militaires des forces de défense et deux civils qui circulaient dans une ambulance. Les trois autres, notamment Dadis Camara, ont « été retrouvés (…) et reconduits en prison », a précisé le directeur de l’information des armées, Ansoumane Camara. L’avocat de Pivi qui dit avoir joint son client au téléphone déclare toutefois que ce dernier nie catégoriquement l’implication de son fils dans cette affaire.
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