Des combats de rue se déroulaient dans Khartoum, ce samedi 15 avril, alors que le scénario redouté depuis des mois, l’affrontement pour le pouvoir de deux généraux s’est concrétisé, laissant craindre la plongée dans une nouvelle guerre civile.
Ce samedi matin 15 avril, Khartoum, la capitale soudanaise, s’est réveillé sous le bruit des balles et des tirs d’armes lourdes. Le scénario redouté s’est matérialisé, alors que différentes factions des forces de sécurité s’affrontent dans les rues de la ville de 6 millions d’habitants.
Un embrasement meurtrier, après des mois de tensions croissantes entre, d’un côté, le chef de l’armée régulière (SAF), le général Abdel Fattah Al-Burhane, et, de l’autre, le général Mohammed Hamdan Dagalo – surnommé «Hemetti» – et ses Forces de soutien rapides (RSF), une milice paramilitaire redoutée pour ses méthodes brutales. Ces frictions avaient obligé à retarder la signature d’un accord, soutenu par la communauté internationale, pour relancer la transition démocratique du pays, et avait plongé le dialogue politique dans l’impasse.
Peu d’observateurs semblaient pourtant croire à la probabilité d’un affrontement direct imminent entre les deux factions. «Ni Burhane, ni Hemetti ne profiteraient d’une confrontation. Et personne ne veut un affaiblissement encore plus important du Soudan, estimait un diplomate européen à Khartoum la semaine dernière. L’armée compte environ 120 000 hommes, les RSF, 80 000. La première a un avantage stratégique car elle dispose d’une aviation, mais les RSF peuvent tirer profit de leur agilité et d’équipements modernes. Les forces sont relativement égales. Cela risquerait de plonger le pays dans une guerre civile qui pourrait être longue». Tous les ingrédients semblent maintenant réunis pour ce dénouement tragique.
Le général Hemetti a déclaré à la chaîne de télévision qatarie Al-Jazira que ses combattants «ne s’arrêteraient pas avant d’avoir pris le contrôle de l’ensemble des bases militaires» et appelle la population à se retourner contre l’armée. Il affirme que les Forces de soutien rapide tiennent l’aéroport international de Khartoum, où tous les vols ont été annulés, et le palais présidentiel. Une information que dément l’armée nationale soudanaise qui, dans l’après-midi, a déployé son aviation et bombardé des bases des RSF dans des quartiers résidentiels, densément peuplés, de la capitale. L’hôpital Bashair, au sud de Khartoum, affirme avoir déjà reçu plusieurs victimes civiles.
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