RTS : Le Triangle Sud au cœur d’une tempête entre rigueur comptable et détresse sociale

La Radiodiffusion Télévision Sénégalaise traverse l’une des zones de turbulences les plus critiques de son histoire récente. À l’origine de…
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La Radiodiffusion Télévision Sénégalaise traverse l’une des zones de turbulences les plus critiques de son histoire récente. À l’origine de cette crise profonde, un bras de fer frontal oppose le Directeur Général, Pape Alé Niang, à des délégués du personnel qui crient à la trahison sociale. Le point de rupture s’est cristallisé autour de l’accord d’entreprise signé in extremis en mars 2024, juste avant l’alternance politique. Cet acte, qui prévoyait une revalorisation salariale d’un impact annuel de 1,8 milliard de francs CFA, est aujourd’hui devenu le symbole d’un dialogue de sourds où s’affrontent deux logiques irréconciliables.

Pour le Directeur Général, la situation est d’ordre strictement juridique et budgétaire. À travers ses récentes clarifications, il soutient que cet accord est inapplicable en l’état puisqu’il manque l’arrêté interministériel indispensable à sa couverture financière. En suspendant ces augmentations pour revenir aux barèmes de 2014, Pape Alé Niang se pose en garant de l’orthodoxie financière, affirmant qu’il ne peut distribuer des fonds que l’État n’a pas encore décaissés. Il pousse la démonstration de sa probité jusqu’à souligner l’absence de privilèges personnels, rappelant qu’il utilise son propre véhicule pour ses missions officielles afin de ne pas peser sur les ressources de l’institution.

Cependant, sur le terrain, cette rigueur comptable se heurte à une réalité humaine que les syndicats qualifient d’agonie. Lors de leurs dernières sorties médiatiques, les représentants des travailleurs ont dépeint un climat de désolation. Ils expliquent que de nombreux agents, confiants après les premiers paiements de la revalorisation, se sont lourdement endettés auprès des banques. Le retour brutal aux anciens salaires a provoqué un effet de ciseaux financier, laissant des familles dans l’incapacité d’honorer leurs traites. Les délégués dénoncent une gestion qu’ils jugent inhumaine, évoquant des cas de détresse psychologique grave au sein des rédactions et des services techniques.

Le conflit s’est encore envenimé avec l’apparition d’accusations de favoritisme concernant la gestion du « Village de la CAN » prévu pour 2025. Les syndicats pointent une contradiction flagrante entre l’austérité imposée aux employés et l’opacité présumée dans l’attribution de certains marchés de prestige à des proches de la direction. Cette suspicion vient nourrir une colère symbolisée par le port de brassards rouges dans les couloirs du Triangle Sud. Alors que les échéances sportives majeures approchent, le service public audiovisuel se retrouve à la croisée des chemins, entre une nécessaire réforme de sa gestion et l’impératif de préserver la paix sociale.


Lang Fils

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