CONAKRY – Alors que les lueurs des fêtes de fin d’année s’installent, la Guinée retient son souffle. Deux jours après le scrutin présidentiel du 28 décembre 2025, les résultats partiels qui tombent au compte-gouttes dessinent une trajectoire sans surprise : une victoire écrasante du Général Mamadi Doumbouya. Mais derrière l’euphorie des partisans du pouvoir, une question demeure : quelle légitimité pour un scrutin sans ses figures historiques ?
Un raz-de-marée attendu
Les premières tendances publiées par la Direction Générale des Élections (DGE) sont sans équivoque. Dans les grandes métropoles comme à l’intérieur du pays, le candidat-président de la transition semble avoir fait le plein de voix. Avec des scores dépassant les 80 % dans plusieurs circonscriptions stratégiques, le scénario d’un second tour s’éloigne définitivement.
Pour ses soutiens, ce score est le reflet d’une volonté de stabilité après quatre ans de transition militaire. Ils mettent en avant les chantiers d’infrastructure et la promesse d’une « Guinée nouvelle » portée par la Constitution adoptée en septembre dernier.
Le vide béant de l’opposition
Cependant, l’image de cette élection reste marquée par une absence inédite. Pour la première fois depuis l’avènement du multipartisme, les « trois grands » — Cellou Dalein Diallo, Sidya Touré et le parti d’Alpha Condé — ont brillé par leur absence.
Entre exils forcés et dossiers judiciaires, les ténors de la classe politique traditionnelle ont été écartés de la course, laissant place à huit candidats jugés « peu représentatifs » par les observateurs indépendants. Ce boycott, largement suivi dans certains bastions de la Moyenne-Guinée et dans plusieurs communes de la capitale, crée un contraste saisissant entre les chiffres officiels de participation (85 %) et le sentiment de désintérêt observé dans certains bureaux de vote.
Une légitimité internationale en question
Si le pouvoir de Conakry s’apprête à célébrer une victoire dès le premier tour, le plus dur commence. Le futur président devra composer avec une opposition qui se sent exclue du contrat social. La communauté internationale, bien que prudente, observe de près la validation de ces résultats par la Cour Suprême.
Le défi ne sera pas seulement de diriger, mais de réconcilier un pays où le silence des urnes dans certaines zones résonne plus fort que les cris de victoire dans d’autres. La Guinée entre dans une nouvelle ère, mais le prix de cette transition vers un pouvoir civil stabilisé reste, pour beaucoup, une énigme politique.