Trois mois après la découverte du massacre de Shakahola, la police kényane établit désormais un bilan de provisoire de 403 morts.
Depuis mi-avril, les révélations sur la mort de centaines de fidèles de l’Église internationale de Bonne Nouvelle, une secte d’inspiration évangélique dirigée par le pasteur et ex-chauffeur de taxi Nthenge Mackenzie défraient la chronique.
La police estime que la plupart des corps découverts près de la ville côtière de Malindi sont ceux d’adeptes de la secte de Paul Nthenge Mackenzie, un ancien chauffeur de taxi, autoproclamé « pasteur » de l’Église internationale de Bonne Nouvelle (Good News International Church) qu’il a créée. Vingt-six personnes ont été arrêtées dont Paul Nthenge Mackenzie et des hommes de mains chargés de vérifier qu’aucun adepte ne rompait le jeûne ou ne s’échappait de la forêt.
Le pasteur s’était rendu aux autorités le 14 avril, après la découverte par la police des premières victimes dans la forêt de Shakahola. Une cinquantaine de fosses communes ont été découvertes depuis.
L’enquête a également révélé que certaines victimes, notamment des enfants, ont été battues, étouffées ou étranglées. Un document publié, lundi 8 mai, par le Directoire des enquêtes criminelles (DCI) a fait de nouvelles révélations sur cette affaire macabre : certains des corps découverts auraient des organes manquants. « Des rapports d’autopsie ont relevé des organes manquants sur certains des corps de victimes qui ont jusqu’à présent été exhumés », révèle ce document évoquant « un trafic d’organes humains bien coordonné impliquant plusieurs acteurs », sans plus de détails.
Dans le même document, le DCI a demandé le gel pendant 30 jours des 20 comptes bancaires d’Ezekiel Odero, responsable du centre de prière et Église de la Vie Nouvelle, un des pasteurs les plus influents du Kenya. Il a été arrêté le 27 avril et libéré jeudi 4 mai sous caution alors que les procureurs avaient demandé son maintien en détention pendant 30 jours car « il existe des informations crédibles reliant les corps exhumés à Shakahola » avec « plusieurs adeptes innocents et vulnérables de l’église d’Odero qui auraient trouvé la mort »
Selon le document du DCI, le pasteur Odéro a reçu « d’énormes transactions en espèces », émanant de sommes versées par des fidèles à Mackenzie qui leur avait demandé de vendre leurs propriétés.
Les autorités kényanes ont promis des sanctions exemplaires et une meilleure régulation des mouvements religieux après le massacre de Shakahola. L’anthropologue Yvan Droz, qui a conduit des recherches sur les mouvements religieux au Kenya, précise qu’une réglementation existe déjà. Selon cette réglementation, les mouvements religieux sont enregistrés auprès d’un ministère pour avoir une existence légale.
Mais le nombre important des mouvements religieux constitue un frein au respect de cette réglementation. « On estimait, il y a une dizaine d’années, qu’il y en avait 8 000 enregistrés, souligne-t-il. Cela ne constituait toutefois que 20 % des mouvements existants, selon les estimations. Il est par ailleurs, évident que le ministère ne peut suivre l’ensemble des demandes. Il a un retard assez important dans les enregistrements ». L’anthropologue estime toutefois que le prestige de ces mouvements religieux commence à s’essouffler du fait des nombreux scandales qui y éclatent.
(avec AFP)
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