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Inédit : L’artiste international Es-Ow Diatto à cœur ouvert

Présentation
Je me nomme Mamadou Lamine Sow. Je suis né à Kandiadiou dans la commune de Diaroumé ,le département de Bounkiling, région de sédhiou .

Kéranos Média : Comment avez-vous découvert votre talent ?

Rires ! Une longue histoire.
Comme tout bon fils de cultivateur ce sont les travaux champêtres et la surveillance des champs. Je profitais des moments de repos pour écouter des morceaux comme ceux de Alpha Blondy , Ticken Jah Fakoly, Lucky Duby ,Kéno Diatta du Balantacounda , UCAS Jazz Band de Sédhiou, Jaliba kouyaté de la Gambie mais surtout des chansons d’une sœur de ma grand-mère maternelle lors des cérémonies familiales (baptême , mariage ….)
Je me suis rendu compte que je capte bien et j’ai une belle voix et forte.

Kéranos Média : Comment es tu rentré dans la musique ?

C’est quelque chose qui est venu naturellement comme ça. Quand j’étais en classe de quatrième au CEM de Bounkiling, j’écrivais mes propres chansons car j’écoutais beaucoup le Hip hop Galsen. C’était l’ère des Dara-J , PBS, Pee Froiss etc.
J’ai commencé à discuter avec les amis du village pour créer mon propre groupe de Rap.
Durant les grandes vacances quand je revenais au bercail, je me rappelais puisqu’on avait pas instrumental, j’avais demandé à un cousin de nous faire des tams-tams (djimbé) qu’on utilisait aux moments des pauses dans les champs.
A la descente ce n’était qu’au crépuscule que je les apportais à la maison et les gardais hors de vue de mon papa sous le lit.
Un jour lors d’une soirée dansante au village, c’était une surprise quand d’aucuns me voyaient chanter. Ça a fait un tolet. Et du coup quand j’étais retourné au CEM, je l’avais concrétisé en créant le groupe SBB POSSY( Sugnu Babylon Boys Possy) composé de trois (3) filles et de trois(3) garçons. Nous avions fait nos premiers enregistrements, trois morceaux à cassette avec le soutien du célèbre Dj de Bounkiling Mamadou Saliou Diallo que je salue au passage .
C’est quelqu’un qui a beaucoup fait pour nous , il était notre encadreur. D’ailleurs on avait fait notre tout 1er enregistrement chez lui et ce même jour on s’était présenté à un concert à Bounkiling lors de fêtes de fin d’année scolaire organisées par le FOSCO.
Quand je faisais tout cela mes parents n’en croyaient pas. C’est entre la classe de 3ième et la terminale que je fais une pause afin de me consacrer aux études car très tôt averti d’un éventuel voyage en Europe pour rejoindre mes cousins .


Après l’obtention du BFEM à Bounkiling je fus orienté au Lycée Ibou Diallo de Sédhiou par la suite j’ai demandé un transfert à Ziguinchor, au lycée Djignabo pour la 1ère et puis au collège Charles Lwanga pour la terminale où j’obtins mon BAC en série L’.
C’était durant ma première année universitaire que j’ai rejoint mes oncles paternels en Espagne. Là-bas j’avais pris les décisions de relancer ma carrière dès mon arrivée . Je m’étais informé, je m’étais préparé en faisant des rencontres avec des gens du domaine de la culture , des producteurs puis un groupe de reggae à Barcelone du nom de Urban Roots . Partant de là j’avais mis du sérieux pour réaliser mon plus grand rêve en 2009/ 2010.
Je me suis produit dans beaucoup de festivals en Espagne et j’ai fait des enregistrements à Lyon où j’ai fait ma 1ère session l’enregistrement professionnel, chez un artiste de la Casamance originaire de Dassilamé Pakao nommé Sang-Pleur qui m’invitait dans une chanson intitulée « Case en Mance ». Ce fut une chance parce qu’après la sortie de ce titre j’ai commencé à enregistrer avec des grands frères tels que Nasree, Doctor Lass à Lyon. Je fréquentais pas mal de studios pour améliorer ma musique .
Je retourne alors à Barcelone me produire dans plusieurs festivals.
Le groupe Urban Roots m’a beaucoup aidé jusqu’à ce que je sois ce que je suis aujourd’hui.
( Merci Sergio et Ricard).


C’est après mon retour au Sénégal que beaucoup de proches ont découvert que je suis dans la musique.
Mon père fut la première personne à m’accompagner. Pour rappel le jour où j’organisais un concert à Kandiadiou il avait prié pour moi tandis qu’une tante (paix à son âme) m’avait dissuadé par ce mot  » nous ne sommes pas de la famille des griots, non ne le fait pas ». C’était ainsi que je suis réputé à travers mes prestations dans la région , le département de Bounkiling pendant les FOSCO des CEM et Lycée hors de la région Bignona Ziguinchor …

Kéranos Média : Revenons un peu en arrière. Pourquoi avez-vous immigré ?

Je suis issu d’une famille d’immigrés car mes oncles maternels font partie des 1ers migrants du village. J’ai grandi chez ma grand-mère à côté de mes oncles donc . Je me souviens que mon oncle en vacances à Kandiadiou ne nous parlait que du succès en Europe. Pour preuve quand il venait avec ses enfants je ne voyais que du luxe. C’est une des raisons qui me poussa à suspendre la musique entre la 3ième et la terminale. Je me disais que les deux choses ne riment pas. Au collège j’étais meneur de grève : un jour après un mouvement , le Principal du CEM de Bounkiling m’avait convoqué dans son bureau et m’avait dit《si tu ne veux pas continuer les études , laisse tes camarades apprendre , ne sème pas le désordre , le bordel dans mon établissement .Tu peux avoir la possibilité de poursuivre tes études ailleurs》.
En ce temps je n’étais même sûr que j’allais continuer mes études à l’extérieur. Au demeurant pour bénéficier des préinscriptions il faut beaucoup de connaissances et d’argent. Une chose qui m’a rattrapé en terminale quand je déposai la préinscription pour l’Université de Montréal qui était acceptée mais il fallait débourser au minimum quatre millions de FCFA que je n’avais pas .
Il y a aussi le problème de débouchés après les études surtout les ressortissants de la Casamance particulièrement Sédhiou dont beaucoup finissent dans l’armée ou l’enseignement voire revenir résider au village alors que mon objectif est tout autre . J’envisageais devenir interprète international , prof d’anglais car mon fort était les langues


Le tout corrobore à satisfaire mes besoins et ceux de la famille . Je dis Dieu merci. Il faut aussi comprendre que tout n’était pas rose surtout tout au début.
Quitter son continent pour partir s’installer dans un autre avec tous les paramètres, c’est pas facile. Au début j’étais dans une université privée Big Ben School à Barcelone mais quand j’étais confronté avec des problèmes financiers, j’avais arrêté. J’étais obligé d’aller chercher du boulot comme journalier sans papiers puis je m’étais lancé dans les voyages à la recherche d’un avenir meilleur en France, Suède, Hollande et en fin en Finlande où je réside actuellement.
L’inconvénient est que c’est un éternel recommencement . J’y suis parvenu à créer mon 1er orchestre du nom Es- Ow and The Ridial Band en 2012. C’est avec ce groupe que beaucoup m’ont connu.

Kéranos Média : Qu’est ce qui vous a le plus marqué dans votre carrière?

Quand j’ai sorti mon 1er album enregistré en live. L’argent obtenu a servi à démarrer la clôture de l’école primaire de Kandiadiou. Ce temple du savoir où j’ai fait mes premiers pas. Un souvenir indélébile parce que ça reste gravé dans ma mémoire .
C’est un album qui m’a ouvert pas mal de portes aux événements et différents festivals.

Kéranos Média : Vous avez sorti combien d’albums ?

J’ai sorti officiellement un album, mais j’ai enregistré une centaine de morceaux.
En 2019 j’avais programmé d’en sortir ça coïncidé avec la pandémie du covid et on a laissé tomber.
En Finlande avec la collaboration de plusieurs artistes des cinq continents dont j’étais le seul africain , nous avions sorti un album appelé « Mustelma » ( chicatrice en langue filandaise) avec 135 titres qui fut un record parce aucun artiste n’avait réalisé un tel exploit en CD.
Dans ce projet j’ai enregistré deux morceaux dont l’un intitulé « Lun Tang » ( Étranger en mandingue).
Quant aux vidéos clips j’en ai fait beaucoup.
Vous pouvez les voir dans chaîne youtube https://youtube.com/@es-owdiato5839
Vous pouvez vous abonner pour me suivre régulièrement.

Kéranos Média : Est ce que vous êtes riche ?

Rires !
Ça me fait rigoler.
Je dis non d’abord car si c’est l’argent ou le matériel qui caractérisent la richesse d’un homme je n’en ai pas. Le peu que je gagne, je le partage avec les gens .
Je répondrai oui enfin parce que selon moi la richesse ce sont les relations humaines . Et ça j’en ai beaucoup.

Kéranos Média : Avez-vous des regrets ?

Mon seul et unique regret c’est d’avoir fait mes études avec les langues étrangères et non avec nos langues nationales (Mandingue, Wolof , Poular ….)
Comme le dit Cheikh Anta Diop, aucun peuple ne peut se développer avec la langue d’autrui.

Kéranos Média : Avez-vous des projets ?

Oui, dans l’agriculture car Sédhiou regorge de terres arables. Avec ça on peut parvenir à l’autosuffisance alimentaire dans la région .
Il y a aussi l’éducation où je lutte contre déscolarisation des filles entre autres projets.

Kéranos Média : Votre mot de la fin

Je remercie le Groupe Kéranos Média avec son directeur Arfang Lang KONTÉ qui est un ami.
Je vous encourage et je vous souhaite plein de succès.
Je suis personnellement fier de vous, surtout de la RFK INTER, notre Radio.

Tout savoir sur l’international Es-Ow Diato

4 réponses à “Inédit : L’artiste international Es-Ow Diatto à cœur ouvert”

  1. Avatar de Es-ow
    Es-ow

    Waw!
    Rien à dire Keranosmedia pour cet éxcellent job.
    Merci 1million de fois.

  2. Avatar de Cheikh Abdou Khadry Sylla
    Cheikh Abdou Khadry Sylla

    Extraordinaire je vous souhaite plein succès

    1. Avatar de Es-ow
      Es-ow

      Merci beaucoup mon ami

  3. Avatar de Lass
    Lass

    Tu es une fierté pour la Casamance.
    Plein de succès Es ow


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