
Tel un agent d’Azraël, l’ange de la mort, et sous le regard coupable d’un citoyen qui se proclame pourtant patriote, des véhicules parcourent le Sénégal, agissant comme des caméléons provocateurs face à l’œil mi-aveugle et corrompu de l’agent de la circulation. Ces trajets se font avec un risque d’accident impitoyable, causé par des chargements qui dépassent largement la réglementation, avec plusieurs tonnes de bagages sur des pneus usés de seconde main.
Bien souvent, les visites techniques et les assurances sont périmées depuis des jours, mais cela ne suscite aucune crainte, car certains de ceux qui sont censés faire respecter la loi conduisent eux-mêmes des véhicules sans papiers. Après des incantations, les conducteurs se croient protégés de tout danger. Ils jurent, injurient, klaxonnent et contournent les véhicules prudents, traitant leurs conducteurs de poltrons ce qui réclament prudence, sous le rire complice des autres passagers. Ils foncent à plus de 120 km/h, s’engageant dans des courses avec d’autres chauffeurs, dont certains sont en état d’ivresse, obstruant ainsi les ambulances et les véhicules de secours. Ces comportements ont fait couler beaucoup de larmes, causant de nombreux accidents routiers.
On oublie souvent que le facteur humain est la principale cause de ces accidents. L’ivresse du moment, la négligence, la corruption et les mauvaises habitudes sont autant de facteurs qui coûtent la vie à de nombreuses personnes. Les plus de 1 800 disparus du [bateau] « Le Joola » en 2002 n’ont servi de leçon que le temps d’un commentaire. Nos routes sont devenues des lieux où l’on meurt, au milieu de l’indifférence générale.
Nous en parlons depuis longtemps sans être écoutés. Nous écrivons sans être lus. Des vidéos de prévention ont été produites, hélas noyées par des novelitas ou les frasques d’activistes farfelus et de chroniqueurs comiques. Pour le bien de notre chère nation, ne désespérons pas d’alerter sur ce que tout le monde sait déjà. Les autorités compétentes invitent toujours les usagers de la route à respecter le Code de la route, mais comment respecter ce code quand on n’a ni les moyens ni les connaissances de base pour le faire ? Après un accident grave, l’attention se déplace vers un sujet politique, un match de football entre deux clubs étrangers, un combat de lutte ou une nouvelle mode, une nouvelle danse diabolique. C’est une distraction qui nous mène à une autre catastrophe.
Sur les lieux d’un accident, certains répondent au téléphone au lieu de porter assistance aux victimes. D’autres se permettent de prendre un selfie pour immortaliser ce jour de malheur. Il ne faut pas oublier ceux qui, face au drame, pensent d’abord à l’exclusivité de l’information sur WhatsApp et Instagram avant d’apporter les premiers secours. Certains faux secouristes dépouillent les accidentés de leurs téléphones portables et de leurs objets de valeur. Est-ce de l’inconscience, du laxisme ou un simple manque de respect pour la vie ?
Avec des permis de conduire accordés par complaisance, des routes étroites et vétustes, des véhicules vétustes conduits inconsciemment par de jeunes apprentis-chauffeurs dont la formation est douteuse, et des autorités qui s’inclinent devant des transporteurs souvent ignorants, insolents, arrogants et préoccupés par le seul gain, les drames sur nos routes de la mort se poursuivront.
Alors, où est la solution ?
#CTS
