Mis en service, il y a quelques années, pour simplifier la vie des Sénégalais, le système Woyofal est devenu, selon certains consommateurs, subitement plus coûteux. Pointée du doigt, la Senelec dit ne pas être en mesure d’augmenter les tarifs, non sans fournir des explications sur les modes de facturation.
« Avec 7000 F Cfa, j’arrivais à gérer presque un mois de consommation. Je ne dispose que de quelques lampes, d’un congélateur dernier cri et d’un ventilateur, qui ne fonctionne que la nuit. Maintenant, avec la même somme, je n’y parviens plus». Telle est la complainte de Fatoumata Tall, fonctionnaire, qui vit avec ses deux enfants à Hann Maristes. Son voisin, Abdou, abonde dans le même sens, regrettant même avoir échangé son compteur classique avec un compteur Woyofal. Et pour cause : « Je dépense presque trois fois plus maintenant avec le système Woyofal, c’est devenu un véritable calvaire ».
Depuis quelques semaines, certains Sénégalais dénoncent, notamment sur les réseaux sociaux, une supposée augmentation du prix de l’électricité, particulièrement sur le système Woyofal. En effet, beaucoup d’entre eux disent avoir remarqué des changements sur les chiffres à chaque fois qu’ils achètent du crédit Woyofal ou après l’achat, que le crédit s’épuise plus tôt que d’habitude. Seneweb, qui a tenté d’en savoir plus, a mené sa petite enquête.
«La Banque mondiale a tordu le bras au Gouvernement »
Interpellée sur la question, à l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), l’on « confirme » cette hausse, précisant, toutefois, que celle-ci ne date pas d’aujourd’hui. D’après son vice-président, Momath Cissé, « c’est la Banque mondiale qui a tordu le bras au Gouvernement sénégalais. C’est pourquoi, il y a eu cette hausse sur le système Woyofal, depuis janvier dernier ». Il ajoute, en outre, que « les clients de la couche sociale achètent le kilowattheure à environ 91 F Cfa, tandis que pour les consommateurs des autres tranches, le kilowattheure revient à 112 F Cfa ».
Du côté de la Société Nationale d’électricité (SENELEC), l’on apporte des précisions. En effet, contacté par Seneweb, le responsable du département relation clientèle et innovation à la direction commerciale de Senelec a, d’emblée, précisé que celle-ci évolue dans un secteur régulé. Frédéric Bassène a, ainsi, souligné que « les tarifs appliqués par Senelec sont du ressort de la Commission des régulations du secteur de l’énergie ». Et selon lui «la dernière modification de ces tarifs a été arrêtée le 1er janvier 2023 par la décision numéro 2022/54 avec une augmentation de 16% ».
Pour rappel, face à la presse, le 9 janvier dernier, le président de la Commission de régulation du secteur de l’énergie (Crse), Ibrahima Amadou Sarr, a déclaré que « le gouvernement, lors des indexations intervenues au cours de la période tarifaire 2020-2022, a régulièrement demandé à la commission de maintenir les tarifs en vigueur et a pris la décision de compenser l’intégralité des manques à gagner de Senelec ». Ainsi, « les compensations de Senelec se sont établies à 62 milliards 700 millions F Cfa en 2020, 153 milliards 700 millions F Cfa en 2021 et 236 milliards 400 F Cfa en 2022, soit un montant total de 454 milliards 700 millions F Cfa sur la période tarifaire 2020-2022 », avait-il fait savoir, informant que pour l’année 2023, le gouvernement a décidé de réduire pour environ 100 milliards F Cfa le montant de la compensation tarifaire à verser à Senelec.
Toutefois, à en croire, Frédéric Basséne, « cette hausse ne concerne en aucune manière les clients de la première tranche (ceux qui consomment au maximum jusqu’à 150 KWH, le mois) ».
Modes de facturation
Allant plus loin dans ses explications, notre interlocuteur relève qu’il y a plusieurs phénomènes qu’il faut tenir en compte à savoir le mode facturation du Woyofal, notamment le timbre si le client effectue une transaction en espèce qui est supérieur à 100 000 F Cfa, ensuite certains clients auront des dettes, c’est-à-dire ils vont devoir une certaine somme d’argent à Senelec et qui est retranché à chaque achat. « Il y a la redevance, qui est un montant fixe de 429 F Cfa pour la majeure partie des clients et qui est payée une fois dans le mois lors du premier achat », a-t-il indiqué.
Et d’ajouter : « Ensuite, vient la taxe communale (TCO) qui est un pourcentage prélevé à chaque achat de 2,5 et qui équivaut à 2,5%, en dernier il y a la TVA qui impacte uniquement les clients qui vont se retrouver dans la troisième tranche (ceux qui consomment plus de 250 Kwh dans le mois) ».
Par conséquent, selon le responsable du département relation clientèle et innovations à la direction commerciale de Senelec, « un client, qui réalise plusieurs achats dans le mois à un moment donné, il navigue de la première tranche vers la deuxième tranche (ceux qui consomment au maximum jusqu’à 250 KWH, le mois), et de celle-ci vers la troisième tranche, étant donné que le prix du Kilowattheure évolue en fonction de la tranche ».
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