Le Téra Meeting du 8 novembre a marqué une démonstration de force politique rare, avec une mobilisation massive au stade Léopold Sédar Senghor. Mais au-delà du rassemblement, Ousmane Sonko a livré un message programmatique structuré, fondé sur un appel direct au sacrifice national. En rompant avec la logique des promesses faciles, il a demandé aux Sénégalais d’accepter un effort sur plusieurs années, posant les bases d’un pacte de responsabilité collective. Cette ligne marque une inflexion importante dans la relation entre l’État et le citoyen : la reconstruction nationale exige désormais discipline, engagement et volonté commune.
Le Premier ministre a ensuite ancré sa vision dans le document officiel « VISION SÉNÉGAL 2050 », qui pointe le cycle d’endettement structurel comme frein majeur au développement. Sonko adopte une orientation stratégique claire : rompre avec 60 ans de dépendance économique et engager le pays dans une trajectoire de souveraineté durable. Cette ambition n’élude pas la crise institutionnelle, en particulier celle de la justice, qu’il place au cœur de son projet. En affirmant que « la justice appartient au peuple sénégalais », il réaffirme l’urgence d’une refonte profonde dans un contexte marqué par une dégradation mesurée de l’indépendance judiciaire. Le discours introduit également une rupture symbolique et opérationnelle : la suppression annoncée des fonds politiques, remplacés par des fonds spéciaux votés par l’Assemblée, pour tarir les circuits de corruption et rétablir la crédibilité de l’action publique.
Enfin, Sonko a assumé une ambition long-termiste en déclarant vouloir voir les Patriotes gouverner sur un horizon de cinquante ans, alignant ainsi son projet politique sur la temporalité de la Vision 2050. Cette projection s’inscrit dans une logique de stabilité stratégique : selon lui, seule une continuité politique étendue peut garantir la réussite d’un projet national d’une telle ampleur. Le Téra Meeting apparaît dès lors comme un moment fondateur, où se cristallise une vision exigeante mêlant sacrifice, justice, souveraineté et planification nationale. Reste une question cruciale : le pays est-il prêt à consentir l’effort nécessaire pour transformer cette vision sur un demi-siècle en réalité politique et économique ?
