A la découverte de Sibet Diédhiou, reine des Floup

Contrairement en Europe où elle n’est qu’une symbolique du pouvoir divin, la royauté en Afrique revêt une dimension non seulement temporelle, mais elle est également couplée d’une intervention directe et musclée des forces occultes. L’exemple de la Reine des Floup à Siganar en Casamance (ethnies Diola) en est une illustration probante.

Née en 1915, Sibet Diedhiou succéda à sa mère Ayimpène. Le prénom Sibet est un diminutif d’Elisabeth, Reine d’Angleterre. Son vrai prénom est Djitombo.

Sa prise de pouvoir ferait suite à un rêve au cours duquel un génie serait apparu pour exiger d’elle qu’elle assume la fonction de reine. Sibet dit qu’elle convoqua les villageois pour leur faire part de son rêve et de sa détermination à refuser une telle responsabilité. Puis elle partit se réfugier en Guinée-Bissao pour échapper à ses rêves.

Mais ses tourments ne cessèrent pas et pour la décider définitivement à accepter cette haute fonction, le génie lui infligea des maux de tête tels qu’elle en faillit perdre la vue. Son guérisseur diagnostiqua le mal et lui conseilla de rejoindre son village pour assumer le rôle qui lui était destiné. Ce qu’elle résolut à faire et qui lui permit de recouvrer la santé.

L’étendue de son royaume va de Siganar à Oussouye, comprenant les localités suivantes : Siganar, Karounate, Gnambalang, Oussouye, Edjoungou, Kahinda, Djivente, Kalobone, Senghalène, Emaye, Houkoute, Boukitingo.


Sur le plan religieux la reine Sibet avait le pouvoir de sommer la pluie. Lors des cérémonies de sacrifices à l’intention de son fétiche appelé Emitayi, quand elle prédisait la venue imminente de la pluie, il fallait irréversiblement s’y attendre.

Fait curieux, Sibet était mouillée sous la pluie comme tout le monde, tandis que sa mère Ayimpène, de qui elle avait hérité le pouvoir, pouvait rester sous la pluie sans être touchée par une seule goutte, même s’il pleuvait à flots.

La reine Sibet est décédée en 1976. Elle n’a à ce jour pas de successeur dans la mesure où la succession dépend strictement d’une révélation divine assez particulière.