Le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye est revenu sur ses 100 premiers jours au pouvoir durant plus de deux heures d’entretien avec six journalistes de grands médias nationaux. Il ne s’agit pas d’un exercice de bilan, 100 jours sur 1800 d’un mandat, c’est trop court. Il s’agit d’un état des lieux, prévient-il.
Le successeur de Macky Sall affirme qu’il a trouvé était en difficulté, avec des indicateurs économiques au rouge. En cause, la crise de Covid-19, la guerre en Ukraine et au Proche-Orient. Il a expliqué les efforts qui ont été faits pour soulager rapidement les populations, avec une baisse du prix de certaines denrées de première nécessité.
Il a aussi réaffirmé sa volonté d’être le plus transparent possible et en a donc profité pour critiquer l’administration sortante. « Dans le secteur de la santé, j’ai découvert des contrats et autres marchés qu’on a voulu signer à la hâte pour des gens aux niveaux des hôpitaux. À l’époque, je n’avais pas encore prêté serment. Mais j’ai appelé directement la ministre de la Santé de l’époque pour lui dire que ces contrats sont illégaux et qu’ils ne doivent pas être signés. Elle a respecté les directives que je lui ai données. Ces contrats étaient surfacturés de façon inimaginable et inacceptable. Nous avons donc bien fait de les bloquer. »
Son prédécesseur aurait aussi tenté de lui mettre des bâtons dans les roues à la dernière minute. « Pour ce qui est de l’eau, nous avons aussi trouvé des choses pas nettes. À titre d’exemple, mon prédécesseur et son équipe ont pris un arrêté le 29 mars 2024 pour augmenter le coût de l’eau consommé par les ménages. À peine installé, je risquais de faire face à des mécontentements des populations dus à des factures élevées, ce qui est anormal. »
Le président a aussi abordé la question des fonds politiques de la présidence, des fonds spéciaux qu’il souhaitait supprimer. Il explique qu’il ne restait plus rien dans cette réserve à son arrivée au pouvoir.
Sur les questions internationales, Bassirou Diomaye Faye est revenu sur son rôle de facilitateur de la Cédéao pour discuter avec les pays de l’AES, Mali, Burkina Faso et Niger qui souhaitent quitter l’organisation. Une position légitime selon lui, car arrivé récemment au pouvoir, il fait figure d’acteur relativement neutre et n’est pas associé aux sanctions que ces États ont subies de la part de la Cédéao. « Je respecte leur souveraineté, mais j’ai essayé d’attirer l’attention de mes homologues de ces pays qui traversent une situation que l’on connait et à laquelle nous sommes très solidaires pour essayer de les faire revenir autour de la table de négociation. Même s’il décide de sortir de la Cédéao, comme l’Angleterre (sic) a eu à le faire dans le cadre du Brexit, il faut bien que l’on discute de la façon dont ils vont partir. »
Une des questions a porté sur l’avenir de la coopération militaire avec la France qui a encore une base militaire à Dakar, mais avec des effectifs en baisse ces derniers mois. Le président explique que c’est tout un cadre qu’il veut redéfinir. « Je ne pense pas, quel que soit le partenaire, que l’on ait besoin d’avoir des ruptures brutales parce que les relations entre les États sont faits de ruptures, de réconciliations, de rappels d’ambassadeurs, de retours d’ambassadeurs, etc. Durant mon séjour à Paris, j’ai pu aborder quelques questions avec le président français, évidemment cette question-là était à l’ordre du jour. Mais il se trouve que depuis quelques années, on a institué un séminaire intergouvernemental entre la France et le Sénégal. Les deux parties sont en train de travailler sur tous les accords qui nous lient. »
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