Les bureaux d’accueil et d’orientation du Sénégal ont été pris d’assaut ces derniers jours par des milliers de jeunes, déterminés à tenter leur chance en Espagne. Cette ruée vers l’Europe, notamment motivée par les récentes offres d’emplois saisonniers dans l’agriculture, soulève de vives inquiétudes au sein de la société civile.
Boubacar Konta, PDG d’Idéal Business Center et président de l’Interprofession du cajou du Sénégal, dénonce ce phénomène qu’il considère comme un échec politique. Pour lui, le fait que des jeunes, souvent qualifiés et motivés, quittent leur pays pour des emplois saisonniers à l’étranger est paradoxal au regard des ambitions affichées par le gouvernement en matière de souveraineté alimentaire et de développement économique.
« C’est désolant de voir un pays comme le nôtre, doté de ressources naturelles et d’une jeunesse dynamique, en arriver là », déplore M. Konta. « Au lieu d’investir dans la création d’emplois locaux et de valoriser notre agriculture, nous assistons à un exode de nos meilleurs éléments. »
L’entrepreneur natif du village de Pakao Kéréwane – département de Sédhiou – met en avant l’exemple d’autres pays africains, comme l’Angola, qui investissent massivement dans le retour de leur diaspora pour développer leur économie. Il appelle également à s’inspirer des pays asiatiques, où les dirigeants ont su mobiliser leurs populations autour de projets de développement ambitieux.
Si M. Konta ne s’oppose pas à l’immigration mais selon lui, son organisation de par l’État révèle l’échec des politiques publiques à créer un environnement favorable à la jeunesse sénégalaise. Il souligne l’écart entre les promesses des autorités qui avaient suscité l’espoir d’un retour de la diaspora, et la réalité actuelle, qui pousse de nombreux jeunes à envisager de quitter le pays.
Il estime que les autorités sénégalaises doivent mettre en place des politiques plus efficaces pour créer des opportunités pour les jeunes sur place.
