L’avocat Me Ousmane Seye est décédé jeudi à Dakar des suites d’une maladie, a appris l’APS de source proche de son cabinet.
Homme politique et membre de la coalition au pouvoir, Me Seye est une figure du barreau de Dakar, où il est inscrit depuis 1985.
Qui était-il ?
Président du parti politique, le « Front Républicain », membre de la coalition présidentielle « Benno Bokk Yaakaar », vice-président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct), Me Ousmane Sèye a tiré sa révérence. Il était l’une des figures du barreau de Dakar. Un avocat courageux et brillant. Un fervent défenseur des droits humains. Portrait.
Me Ousmane Sèye, la soixantaine consommée, était un avocat au verbe haut. Au sein du barreau, il avait la réputation de «bagarreur», de «teigneux». «Sa plus grande stratégie, c’est d’être teigneux, de ne jamais baisser la garde, d’aller jusqu’au bout. Ce n’est pas parce qu’on a perdu en instance ou en appel qu’on démissionne. Il fait partie des avocats qui ne démissionnent jamais lorsqu’ils estiment avoir raison. Il va jusqu’au bout de sa bagarre», témoignait Me El Hadji Amadou Sall parlant du défunt.
Inscrit au tableau de l’ordre des avocats de Dakar en 1985, il a capitalisé près d’une quarantaine d’année d’expérience.
Le teint noir, souvent emmitouflée dans des costumes high-class, Me Ousmane Séye était monogame et père de quatre enfants.
Son bureau sur l’avenue Peytavin, résume sa vie, par l’ornement. D’abord, tout est pour lui, une question de « foi », matérialisée, par un dessin qu’il présente comme une image du Prophète Mohamed (Psl) accrochée à l’entrée, au-dessus. De là, l’on fait face au dernier sermon prononcé par l’envoyé de Dieu, la photo du guide de l’avocat, Serigne Saliou Mbacké. Parce que Maître Séye est mouride. Autres attaches symboliques : sa prestation de serment, ses enfants, sa table d’étudiant etc.
Orphelin de père, très tôt, il grandit avec sa mère, « une brave femme », se souvient le journaliste Abdou Latif Coulibaly. C’était à Kaolack où il passe pour le « garçon turbulent ». Arrêté une fois après un problème avec le gouverneur, interdit de sortir du territoire avec une menace d’exclusion en cas d’échec au Bac, une voiture de police conduira le turbulent élève du lycée Gaston Berger au centre d’examen. Ça lui porte bonheur : il est admis avec mention.
Me Ousmane Sèye était aussi un «excellent footballeur», selon des témoignages, capitaine de son équipe, à l’occasion des navétanes ou des compétitions scolaires.
« C’est un homme d’une gentillesse remarquable, affable, avenant, généreux, le bon père de famille, très solidaire de sa famille et de ses amis. Sa mère ne voulait pas du football. Elle tenait à la réussite de son petit garçon. Lui aussi en était conscient à une époque où les élèves pensaient au prix du concours général ou devenir de grands avocats, des mathématiciens, des médecins », témoignait Latif Coulibaly.
Fervent défenseur des droits de l’homme, Me Ousmane Sèye est de ceux qui ont mis sur pied l’Organisation Nationale de défense des droits de l’homme (ONDH) dont il a assuré la Vice- Présidence.Il s’est retrouvé dans de nombreuses procédures ou de simples Sénégalais avaient subi la loi du plus fort, celle d’une administration hyper centralisée et qui foulait au pied les intérêts de ses simples citoyens. Il a défendu de simples citoyens contre des préfets qui, à l’époque, étaient hyper puissants et redoutés.
Il a également défendu des hommes politiques contre la puissance publique. Entre autres, Talla Sylla, de l’Alliance Jëf-Jël, Abourahim Agne, leader du Parti de la Réforme, poursuivi et emprisonné pour « incitation à la révolte ».
Dans le conflit «Idy-Wade », il a été le plénipotentiaire du Président de la République d’alors, Abdoulaye Wade, dans les négociations avec son ancien Premier Ministre, Idrissa Seck, emprisonné pendant sept mois, officiellement, pour «atteinte à la sûreté de l’Etat ».
Me Ousmane Séye est aussi connu pour avoir défendu beaucoup de journalistes, comme Mame Less Dia, Directeur de publication du journal Le Politicien, Boubacar Diop, Directeur de Promotion, Abdou Latif Coulibaly, Directeur de l’Issic. Pendant longtemps, il a représenté l’ordre des avocats au conseil pour le respect de l’éthique et de la déontologie (Cred), l’ancêtre du Cored (Conseil pour l’Observation des règles d’éthique et de déontologie) de la presse.
C’est que entre Me Sèye et la presse, c’est une histoire de destin manqué. En effet, lycéen, il côtoyait les premières promotions du Cesti dont faisait partie un de ses oncles. Il s’est aussi initié à la pratique en animant des journaux de lycée, en participant à des magazines littéraires comme « Cénacle», animé à l’époque par un certain Adama Gaye. « si je n’étais pas devenu avocat, je serais devenu un journaliste », lançait-t-il en 2012.
C’est donc le barreau, la sphère politique, la presse, sa famille et tous les défenseurs des droits humains qui sont orphelins avec la disparition de Me Ousmane Sèye.
Il venait à peine de la Mecque. Que Dieu l’accueille au Paradis !
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